Tout va bien, le <<Pion>> va arriver, il doit être en retard pensons-nous !!
Notre principal prend la parole : <<-je vais vous surveiller aujourdhui et dimanche prochain, j'ai des dossiers en retard à mettre à jour, si j'en vois un qui parle, qui se retourne, qui bouge, je vais m'occuper de lui, il faut savoir assumer les conséquences de ses actes-!>>.
Le message passe aussitôt car nous connaissons la rapidité et la spontanéité de la gestuelle du <<Poteau>>.
Pendant seize heures nous resterons le postérieur rivé au banc mis à part quelques misérables minutes de récréation au milieu de la matinée et de l'après- midi.
Les leçons de la semaine sont lues, relues, apprises, les devoirs sont faits, les calculs sont vérifiés et revérifiés, la rédaction est raturée, raccourcie, rallongée, argumentée. Arrive le moment où tout est terminé, il n'y a plus rien à faire. C'est terrible !! Que faire ? On recommence, on consulte la montre toute les deux minutes, discrètement on fait voir l'heure au voisin qui n'a pas la chance de posséder un objet assez rare à l'époque. On grimace, on baille, on a des crampes dans les jambes, dans le dos, on se tortille d'une fesse à l'autre.
Enfin à dix-huit heures nous sommes libérés. Croyez-vous qu'après un tel traitement nous ayons pris de bonnes résolutions ? Dans les semaines qui suivirent nous organisâmes un << faire carotte >> collectif remarquable,
avec pour résultat une menace d'exclusion temporaire du Collège immédiate. Obligation faite aux parents de venir en personne dans les vingt-quatre heures pour nous réinscrire !!!
Les soit disants meneurs furent recherchés par le Surveillant Général en présence des parents, je fus le premier à être cuisiné. Bien entendu, je n'étais au courant de rien, le surveillant essaya de prêcher le faux pour savoir le vrai. En retournant en classe, j'eus la chance de croiser Jean- Paul de Haro qui partait au confessionnal, je le mis au courant de la tactique <<Pujollesque>>. Arrivé en classe tous les copains furent prévenus, ce fût un silence sépulcral. Je ne me souviens plus du tout de la sanction qui nous fût appliquée au Collège.
Par contre mon Pére, le soir venu m'administra une << raclée >>sévère avec un nerf de boeuf. Ma mère et ma grand-mère étaient en pleurs. Ce fût la première et la dernière fois qu'il me battît. Il avait été profondément vexé. Je lui avait raconté un gros bobard pour lui expliquer que je n'avais pas classe. Pour me faire plaisir, il m'avait gentiment proposé alors d'aller avec lui passer un après-midi de pêche au bord de notre chère rivière : La Mékerra.
PS : je ne vous révèlerai pas le nom des deux initiateurs de la bataille de craie ! Serment oblige !!