Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
André Amadeuf : La Chefferie du Génie militaire de Sidi-Bel-Abbès organise un atelier de fabrication de sacs en alfa 1/3
Avec mes enfants nous venons de mettre en vente à Forcalquier la maison dans laquelle mes parents s’étaient installés en 1962 en rentrant d’Algérie. En faisant des rangements et des choix douloureux pour débarrasser les lieux j’ai trouvé un grand sac tissé avec de l’alfa. Occasion rêvée pour évoquer des souvenirs.Novembre 1942 les Américains et les Anglais débarquent en Afrique du Nord qui dès lors voit ses relations commerciales suspendues avec la France. Une grande pénurie de produits manufacturés plombe l’économie.
Si dans le département d’Oran il y a une cimenterie (la C.A.D.O. dans les environs d’Oran), il n’y a plus de sacs en papier pour transporter le ciment sur les chantiers de construction et en particulier sur ceux de l’armée. Je ne sais qui eut l’idée de créer à Sidi-Bel-Abbès un modeste atelier de fabrication de sacs en alfa. Toujours est-il que ce fut le Génie qui fut chargé de réaliser le projet. L’atelier fut installé dans la dernière douve non comblée des fortifications de la ville, douve qui longeait le Boulevard de la Marne.
Pour y accéder il fallait emprunter une rampe qui longeait le bastion désaffecté militairement situé au coin du Boulevard de la Marne et l’Avenue de Bir-Hakeim. Autour de la cour du bastion des constructions en dur permirent d’entreposer les bottes d’alfa et d’y loger un gardien (ancien tirailleur qui avait perdu un bras lors de combats en Syrie) qui y logeait avec sa famille.Mes souvenirs ne me permettent plus de préciser où était placé le métier ou les métiers à tisser les bandes d’alfa ! Probablement dans l’un des locaux du bastion. Par contre ce dont je me souviens c’est que le long de la muraille des fortifications une succession de bassins avait été construite, bassins alimentés en eau par le canal d’irrigation qui venant de la traverse de Boukanéfis longeait le boulevard de la Marne, traversait sous terre le boulevard du Général Rollet pour se perdre dans les quartiers Prudon et Amilakvari et peut-être jusqu’à l’hôpital militaire Fernand Robert. Si je n’avais pas accès au bastion, je pouvais accéder sans problème à la douve.