André Amadeuf : 5 juillet 1962 5/9
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Le couvre feu a été levé à sept heures du matin, je longe le Lycée Lamoricière qui sert de casernement à des soldats français et me rends au comptoir d'Air France sis Boulevard Galliéni ou rue de la Poste ? (Trou de mémoire).
Une dizaine de personnes ,des hommes en majorité, attendent une problématique ouverture des bureaux de réservation !
Alors que je vais prendre place derrière le dernier arrivant, j'ai la joie de trouver dans la file d'attente : Aimé Muller ,un de mes cousins originaire d'Hammam-Bou-Hadjar. Nous sommes heureux de nous savoir libres et en bonne santé. Je lui fais part de l'insuccès de mes démarches pour embarquer ma voiture. Il a une solution à mon problème.
La veille, alors qu'il attendait son tour dans les bureaux de la Compagnie Transatlantique afin de faire prendre en charge son auto pour l'expédier en France, la fusillade à fait que la Transat a fermé ses guichets. Les employés lui ont donné un ticket de priorité pour la file d'attente des jours suivants. Il a le numéro deux ou trois ??
La veille pendant qu'il attendait, son beau-frère a fait le nécessaire pour expédier en métropole leurs deux voitures par l'intermédiaire d'une autre compagnie !
Il me cède aussitôt son ticket prioritaire !
Le rideau de l'agence se lève, j'achète trois places d'avion pour le dix juillet sur la ligne Oran-Marseille : deux places pour mes parents, une pour moi!
Je descends au port, à onze heures ma Peugeot est dans la cale d'un bateau qui part pour Marseille le jour même!

Je rentre à Sidi-Bel-Abbès par le premier train, fort de ce que j'ai vécu à Oran, j'essaye de convaincre mes parents qu'ils doivent impérativement prendre l'avion avec moi.
Ils refusent catégoriquement, ils tiennent absolument à rester sur place tant que leurs meubles et les miens ne seront pas expédiés sur le sol français !
Dans ma précipitation, j'avais oublié de prendre une place d'avion pour mon beau-père, confus, je lui propose l'une des deux places réservées devenue vacante.
Il a exactement la même réponse que mes ascendants !
Je prends quelques photos de notre ville, les quartiers européens sont déserts, le Bel-Abbès si vivant hier est devenu désertique , les habitants sont partis ou restent terrés chez eux en attendant des jours meilleurs.
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