Les plus audacieux sautent par-dessus les flammes, attention à ne pas se brûler, attention à ce que les vêtements ne s’enflamment pas, d’ailleurs certains avant de s’élancer mouillent leurs habits.
Louis est en train de rajouter des cartons dans le feu, quand il sent quelqu’un tirer sa chemise dans son dos. C’est Claire, elle est venue avec sa mère autour du brasier, celle-ci est en train de parler avec les voisins.
Tout le monde transpire, il semble que bientôt on sera en manque de combustible.
Mais non, l’épicier du coin Alban, avait gardé la bonne surprise pour la fin, il a amassé une cargaison de boîtes en carton et en bois, on comprend mieux pourquoi quand les jeunes étaient venu en chercher chez lui, il leur avait dit avoir tout jeté, les flammes reprennent de plus belle.
Claire et Louis profitent de ce moment de répit, les autres aident la famille de l’épicier à sortir tout l’amoncellement de vieux emballages.
Les deux jeunes gens remontent la rue pour aller vers l’école maternelle, ils se tiennent par la main. Ce geste est venu naturellement, ils marchent en silence main dans la main. Tournez la page
Les moissons sont finies, les différentes céréales ont été ramassées, c’est bientôt la Saint-Jean, tous les jeunes sont en quête, de morceaux de bois, de cartons, de paille, tout ce qui peut brûler sans faire défaut à quiconque.
Une des cours de la rue sert de dépôt, ils ont déjà entassé un monceau de déchets, il en faut encore et encore.
Les feux sont interdits, celui de la Saint-Jean aussi, mais les coutumes sont tenaces, le soir arrive, il faut que la nuit soit bien tombée, il doit faire noir pour que le feu soit visible.
Le jeunes profitent de l’esplanade du terrain vague où l’église doit être construite, ils ont de la place, tout le quartier est là, toutes les confessions sont là, bien qu’il s’agisse d’une fête chrétienne, à moitié païenne. On fête trois choses à la fois Saint Jean-Baptiste, l’arrivée de l’été et la fin des moissons, c’est la fête pour tout le monde.
Le feu est allumé, les pétards sont lancés, les anciens ont demandé de ne pas les jeter dans le feu, certains éclats seraient dangereux. Les plus jeunes font la ronde autour des flammes, le feu est alimenté en permanence, il faut quand même que la fête dure le plus longtemps possible, la moitié des provisions a déjà été utilisée.