Manuel Rodriguez dit Manou Rodriguez de la calle del sol : Notre gâteau de Pâques la Mona 1/5
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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Ce gâteau de Pâques qui réveille tant de bons souvenirs parmi les Oraniens, a toujours été désigné, chez nous en milieu hispanophone par le mot mona. L’appellation mouna n’étant qu’un accommodement à la française, une naturalisation si vous préférez.
Dans les faubourgs populaires de Sidi-Bel-Abbès et des autres villes d’Oranie, l’authenticité du mot mona était jalousement préservée de génération en génération. Le peuple Oranien avait certes des racines métropolitaines, régions d’Alsace Lorraine, Languedoc, Alpes de Provence, Sud-Ouest,  Corse, Paris, des racines italiennes, napolitaines essentiellement, mais aussi des racines espagnoles, régions des Iles Baléares, de Valence, d’Alicante, de Murcie et d’Alméria. La colonie ibérique constituait, à elle seule, plus de la moitié de la population européenne. Pour en revenir à notre gâteau, on nous propose dans les grandes surfaces, à l’approche de Pâques, des mounas, bien sûr, étiquetées de la façon suivante : « Pâtisserie méditerranéenne ». Pour les besoins commerciaux, l’amnésie est ici totale. De la mona espagnole, honorée en Oranie, nous passons allègrement à la mouna de tout un bassin méditerranéen.
En visitant certains sites, tenus pourtant par des Oraniens, faisant allusion à ce thème,  nous lisons souvent que l’origine de cette [mouná ] est peu connue ( ? !?).  Mais on  ne se prive pas ensuite  de donner toute une série d’explications plus ou moins fantaisistes.
Alors ! Quelles sont les origines de ce gâteau ? Si on raisonne à partir du mot mouna, on se perd en conjectures. On affirme alors, sans rire, que les Oranais allant fêter le lundi de Pâques sur les pentes boisées du Fort Lamoune, baptisèrent ce gâteau mouna par analogie avec ce lieu habituel de leurs réjouissances.
Or les adeptes de ce pique-nique étaient à 90% des hispanophones ou descendants d’hispanophones. Ils savaient  très bien, eux, qu’à l’heure du dessert, ils mangeaient la mona de leurs parents ou grands-parents. Ce serait les traiter avec beaucoup de légèreté que de leur faire injustement endosser la paternité du mot mouna.
D’ailleurs l’immense majorité des gens de Sidi-Bel-Abbès, Tlemcen, Ain-Témouchent, Bénisaf, Saint-Denis du Sig, Perrégaux, Mostaganem, Mascara, Saïda, Tiaret, etc qui de père en fils a pétri et dégusté des monas, n’a jamais entendu parler du Fort Lamoune Oranais.
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