Souvenirs de Sidi Bel Abbès
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Notre Mekerra, oued indolent, traînant son faible débit de mai à octobre, se transformait parfois en torrent tumultueux gonflé d’eaux rougeâtres qui sortait rapidement de son lit, inondant une grosse partie de la ville, causant pas mal de dégâts ; l’Ouest de la ville et le Sud-Ouest en étaient surtout affectés..
Il est vrai qu’en saison humide, lorsqu’il pleuvait chez nous, c’était sans discontinuer, jour et nuit, une belle pluie battante qui durait parfois une bonne semaine.
Notre rivière alimentait également de nombreux canaux d’irrigation qui sillonnaient la ville d’Ouest en Est ; le plus connu étant celui qui traversait les Glacis Sud en son milieu.
Au sud de l’avenue Bir Hakeim, commençait là une vaste zone de jardins qui allait de la route des Amarnas à l’Ouest, à l’enclos Bastide à l’Est.
On avait là, du Nord au Sud, un canal en bordure de la dite avenue, un autre 150m plus bas et un dernier qui passait tout au bout de la route des Amarnas et longeait le sud du stade Paul André.
Tous les jardins recevaient ainsi leur ration de précieux liquide  selon un programme horaire bien établi .Tout un système de vannes permettait de dévier le cours de ces canaux vers les jardins.
On retrouvait ici l’organisation du fameux « Tribunal de las Aguas » de Valencia en Espagne qui réglementait la distribution d’eau à travers les « acequias » (de l’arabe : as-saquiya, la rigole) de toute la Huerta.
Régulièrement chaque jardinier était informé de l’heure exacte à laquelle il aurait droit à l’eau. C’était en général pour une durée d’une heure. Les jardins n étaient pas très grands. Ils avaient en moyenne une superficie de 20 à 30 ares. Ils étaient donc très nombreux.
Il fallait parfois se lever dans la nuit, à 2h, 3h ou 4h du matin pour réceptionner l’eau, puis rentrer chez soi, une heure après, et reprendre son sommeil.
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Manuel Rodriguez : l'irrigation à Sidi-bel-Abbès 1/2