AVEC LES KEPIS BLANCS RUE DE LA JOIE A BEL-ABBES (rue verte) 09/13 par Marcel Carrière Reportage photo, Paul Buisson, Extrait de la revue Détective |
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Alors j'ai dit : << Mais tout de même, j'ai été soldat. Le maquis, c'était la guerre. je sais me servir d'un fusil, oui ? Alors ! >> Mon père ne m'a dit qu'une seule phrase, une seule : <<Va, et ne reviens plus >>. Ca m'a fait plaisir, vous pensez ! Depuis, ils m'ont écrit. Des lettres gentilles : << Surtout, fais bien attention de ne pas attraper de coups de soleil. Couvre-toi la nuit. Notre ami Lucien nous a dit qu'à l'équateur les nuits étaient glaciales >>, etc L'équateur à Bel-Abbès ! Je le connais, Lucien. C'est un clerc de notaire. Ce n'est rien ; mais à la fin de chaque lettre, il ya un post-scriptum : << Si tu reviens, très bien ; mais tu ne repartiras plus. Nous ferons agir nos amis hauts placés. >> Alors, j'aime mes parents, j'aime mon pays. Mais maintenant, j'aime aussi la Légion. Il est au bord des larmes. La patronne lui soulève le menton, comme on ferait à un gosse qui ne veut pas avouer qu'il a picoré dans le pot de confiture.
-Tu veux que j'aille leur expliquer, à tes parents ? -Oh ! non, ils me prendraient pour un gamin... |
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Histoires naives, histoires banales, histoires cruelles... Histoires de légionnaires qui emplissent leurs cœurs et que, un soir de cafard, ils racontent au pied d'un lit, au bord d'une table, à un comptoir de bistro...
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