comme une fille de la campagne, j'avais à dire oui souvent. Alors, j'ai laissé les chapeaux. Je n'avais plus le temps. Très simplement, sans m'en apercevoir, je suis devenue ce que je suis. Vivant bien, vivant mal, ça dépendait des jours..., toujours éprise, amoureuse de l'amour. Ce sont les hommes qui ont commencé à me lasser..
A ce moment, on m'a parlé de la Légion, de Sidi-Bel-Abbès, J'ai eu envie de pays nouveaux, d'êtres nouveaux. Et maintenant, je resterai toute ma vie ici, je n'aurai jamais le courage d'aller ailleurs. — Mais, pourquoi ? Vois-tu, à Paris, à Montparnasse, à Montmartre, où je vivais, on finit par ne plus savoir ce que c'est que l'amour. On fait ça comme on se rince les doigts avec du citron après avoir mangé, c'est devenu un geste. Quelquefois, j'avais honte de moi. Je n étais rien. Je ne servais à rien...Et je n'aime pas les gens heureux, ceux qui font l'amour en riant... Ici, on redevient femme. Quand un homme me choisit, il a besoin de moi, de mon corps, de ma présence. On représente un idéal. Les hommes se souviennent de nous, reviennent, écrivent, car ils s'ttachent très fort. Il n'y a, pour aimer les filles, que les matelots et les soldats. Même si je mourais aujourd'hui, je resterais dans leur souvenir...