1893, René Viviani à Sidi-bel-Abbès
Recherche documentaire de Raymond Galipienso
Article paru dans l'Avenir de Bel-abbès du 29.09.1925 : pour se reposer de ses fatigues électorales, René Viviani décida d'aller passer quelques jours en Algérie à Sidi-Bel-Abbès, sa petite ville natale ; un peu plus tard, à Alger, où nous le rencontrâmes, il nous raconta que ce qui l'avait le plus ému avait été le banquet que lui avaient offert ses amis d'enfance. C'est ainsi que René Viviani fut amené à prononcer en Algérie son premier discours.
On sait qu'il préparait d'avance tout ce qu'il avait à dire. Alors il nous communiqua le texte de ce qu'il avait exposé à ses anciens et chers camarades. Nous avons conservé ce discours en souvenir de notre commune origine, et maintenant qu'il n'est plus, c'est comme la plus délicate et la chère pensée au pays qui le vit naître. En voici quelques passages :
Enfant de l'Algérie et député de Paris, j'apporte aux républicains de Sidi-Bel-Abbès le salut de la démocratie parisienne... Et voilà pourquoi ne voulant plus différer, ne voulant plus contenir le cri de gratitude qui monte de mon coeur à mes lèvres, je réunis dans le même toast, comme je voudrais les réunir dans la même et fraternelle étreinte, mes électeurs de là-bas et mes amis d'ici, et la patrie d'adoption et le pays natal et la grande ville dont je suis l'élu et la petite ville dont je suis l'enfant...
Ne croyez pas, au moins, mes amis que ce soir pour la première fois, je pense à vous. Combien de fois au sortir des luttes meurtrières, quand venait la nuit avec sa solitude et sa mélancolie, n'ai-je pas vers vous, tourné mes regards ? Combien de fois au bout du lointain mirage n'ai-je pas entrevu ce coin de terre où je suis né ? Combien de fois ne me suis-je pas dit qu'ici vivaient des amis fidèles et qu'acclamé dans le succès, je pouvais, même après la défaite, revenir le front levé, sûr de trouver ouverts et les mêmes coeurs et les mêmes bras !
Et je suis ici ! Et je suis à Sidi-Bel-Abbés!

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