La nouvelle ville de Sidi-bel-Abbès tire son nom du seigneur Abbès, véritable marabout d'une illustre et haute origine, dont la mémoire est réputée sainte parmi les tribus des deux rives de la Méquera et du Thessala.
L'avenir de Sidi-bel-Abbès grandit chaque jour. Construite pour contenir 6000 habitants, elle offre à l'oeil un vaste parallèlogramme dont les quatre angles sont élargis par de beaux et solides bastions qui n'attendent plus que les pièces destinées à leur armement. Les deux côtés longs ont également chacun un bastion. Celui du nord protège une élégante poudrière, et le bastion opposé enfile la route de Daîa ; des courtines fournissent des feux de flanc dans toute la longueur des fossés solidement revêtus d'une belle maçonnerie en moellons.
Quatre portes symétriques conduisent à Oran, Daïa, Tlemcen et Mascara. Vous voyez par cette simple définition l'importance de Sidi-bel-Abbès sous le rapport stratégique pour la province d'Oran, à vingt-deux lieues d'Oran par la grande route qui traverse la plaine du Tléla et a dû tourner la chaîne du Thessala. Bel-Abbès se trouve à la même distance de Mascara et de Tlemcen et à dix-huit lieues du poste de Daïa, la clef du désert
La ville est divisée en deux parties tout à fait indépendantes l'une de l'autre.
La limite pour chacune est la grande rue qui réunit les portes d'Oran et de Daïa. Ces deux villes sont elles-mêmes partagées par la grande artère aboutissant de la porte de Tlemcen à la porte de Mascara.
La ville militaire, circonscrite entre les portes d'Oran, Tlemcen et Daïa, possède déjà un vaste quartier de cavalerie, qui jusqu'à présent a servi très-utilement à l'hôpital militaire, au logement des compagnies d'infanterie, au commandement de la place, à la Gendarmerie, au culte divin.
Ce mot me rappelle une réponse assez piquante du général Pélissier. Le curé de Sidi-bel-Abbès, occupant sa place dans le cercle de tous les corps de la garnison à la visite, interpellé à son tour, par le général, se plaignait de la modestie de son autel. << Vous avez donc oublié, lui dit le général, que notre Seigneur est né dans une crèche.>>
Les ateliers du génie qui ont été élevés les premiers à la fin de 1847 offrent tout ce qu'il est possible de désirer et de supposer pour une question aussi importante que la fondation d'une ville dans un pays boisé de broussailles et qui, naguère, n'était peuplée que de hyènes, renards, chacals, sangliers et gazelles , et servait à ce titre de champ d'excursions aux rois du désert.
Tournez la page
Marquis de Massol
Sidi-bel-Abbès 2/7
Lettre à M. d'Eschavannes 1852