Le nouveau marché du centre-ville 2/17
Cela se passe en 1885; le marché situé derrière le théâtre est devenu trop petit et a été déplacé sur la place derrière l'église; les journalistes demandent la construction d'un grand marché à la place de l'ancien, un marché couvert si possible! et ils bousculent les édiles de la mairie! ah ces journalistes de cette époque-là à bel-abbès, je les adore, ils ont un de ces humours et ils disent les choses... j'essaie de monter un récapitulatif des évènements qui ont contribué à la naissance de notre marché couvert.

Le Bel-Abbésien 09.05.1885
S'il est vrai que, seules sont sincères et se racontent bien les choses expérimentées, je prie mes lecteurs de croire qu’ils seront bien servis aujourd’hui. Deux gros bleus, l'un dans l’estomac, l'autre dans le côté, et un pied presque aplati en témoigneraient au besoin, et dans le cas où ma parole ou ma prose ne seraient pas à la hauteur des circonstances et des faits sur lesquels je tiens à appeler l'attention de qui de droit. Les voici dans toute leur simplicité et leur fraîcheur, puisqu'il s'agit de ce matin.

Pénétré et convaincu depuis déjà longtemps de l'insuffisance, des inconvénients, de l'impopularité du marché qui se tient autour de l’église dont il enlaidit, gêne et salit les abords, je me promenais en philosophe et en curieux dans cet étroit espace où se presse, chaque matin, toute personne qui pour elle ou pour autrui vient chercher la pâture quotidienne à laquelle nous sommes condamnés - de par l'inclination de notre mère Eve pour les pommes vertes et prohibées — je me promenais donc et me demandais pourquoi on impose cet emplacement tout à fait impropre et insuffisant aux maraîchers et à ceux qui les font vivre, alors que pas bien loin, l'espace ne manque point pour créer un marché couvert, splendide, aéré, bien installé, à l'abri du soleil, de la pluie, et où l'on n'irait pas, marchant sur les pieds de ses voisins ou leur donnant du coude dans les cotes, et du genou dans … le dos, faire ses emplettes indispensables, en prenant une courbature à se pencher sur les étalages ras de terre des vendeurs.


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