Précédés par les caïds, encadrés par les chevaux nerveux des spahis, nous allons vers la ville, à la suite du Président. Arc de triomphe, guirlandes, banderoles, drapeaux, inscriptions de bienvenue, mâts, fleurs aux fenêtres, femmes plus fleurs que les fleurs, -je ne vous décrirai pas de nouveau ce spectacle.
Autour de l'escorte, les indigènes se pressaient, ouvrant leurs larges bouches, montrant le ratelier de leurs dents blanches, levant gauchement leurs mains et ne sachant s'ils devaient acclamer ou se taire, montrer de la joie ou demeurer impassibles ;
Visite du Président Emile Loubet
à Sidi-bel-Abbès
le 18 avril 1903 3/3
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mais leurs loques grises allaient et venaient et, de loin, se fondaient dans les murailles de terre jaune des maisons des faubourgs. Le long de la route, des sociétés étaient espacées : les vétérans de 1870, les Alsaciens-Lorrains, qui forment l'un des éléments prédominants de la population, la loge maçonnique, les sociétés de gymnastique, etc Chemin faisant, nous passons, au carrefour de l'horloge, devant un kiosque de musique du Cercle militaire, qui fut dessiné par Charles Garnier, devant un autre kiosque que le lieutenant Lancelot a joliment décoré de fleurs artificielles rouges et jaunes ; nous allons au petit trot à travers la ville, où nous entrons par la porte d'Oran, d'où nous sortons par la porte de Mascara, pour y rentrer de nouveau par la porte de Tlemcen, après avoir visité la propriété Bastide et admiré les grâces du jardin public. Puis nous nous rendons à la salle d'honneur du 1er régiment étranger où le lieutenant-colonel Lannegrace, en l'abscence du colonel Dautette, parti au Kreider, reçoit le Président.
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