Cours Forest…cours
Je n’ai pas aimé quand Gérard Holtz a annoncé : « « Alain Mimoun est décédé, le sport français est veuf »
Non Monsieur Holtz, le sport français n’est pas veuf, c’est la France qui est veuve. Avec le départ de Mimoun, c’est une page de notre vie qui se tourne, une partie de notre jeunesse qui nous échappe. Et oui, Parce que Mimoun incarnait les années 56, L’Algérie française , la fierté de brandir le drapeau tricolore, la 2cv qui faisait rire le monde, le temps où les fauteuils de l’Olympia étaient démolis après chaque passage de Gilbert Bécaud, les chansons d’ Aznavour à faire pleurer les couples désunis, Bechet et « petite fleur », Bill Halley et son fameux « rock around the clock », tout cela accompagné de films de James Dean dont nous imitions sa coiffure, ses attitudes doigts accrochés au ceinturon sur un djean délavé acheté au souk.
Et si je suis triste c'est parce que Mimoun me rappelle cette tranche de vie et que dorénavant tout va se perdre dans les méandres de l’oubli.
En apprenant cette nouvelle, je me suis senti plus vieux, plus courbé, plus ronchon et quand vendredi je me suis assis sur mon fauteuil pour regarder la télé , plus vieux, plus courbé, plus ronchon, je suis tombé sur une équipe de basket qui disputait une demi-finale. Là, j’ai vu une bande de filles, au regard étincelant, joyeuses, à la gouaille pertinente, chantant à tue-tête leur victoire, et hier soir quand elles ont connu la défaite je les ai trouvées dignes, peinées, humbles mais toujours fières d’avoir porté le maillot tricolore ; attitudes que certains sportifs devraient s’inspirer. Vous voyez, Monsieur Holtz, à qui je pense….
Enfin ce que j’ ai essayé de vous dire , Monsieur Holtz, c’ est que le sport français est peut être veuf mais depuis, hier soir, je crois qu'il a trouvé une nouvelle bande appelée "les braqueuses" qui m'ont réconcilié avec un certain sport et peut être que grâce à ces jeunes filles l'esprit d'Alain Mimoun n'est pas tout à fait mort.
Cours Forest ... cours
André M.
Bravo André, je suis entièrement de ton avis.
Il faudrait que tu envoies une copie de ton écrit au journal "L'EQUIPE" que Messire Gérard HOLTZ lira certainement.
Jacques 16
1956 je suis à Tours pensionnaire de l'école d'application du Train.
J'apprends que les championnats de France de cross-country vont se dérouler à Nantes.
Moi petit champion d'Algérie par équipe (OSSU) avec le Collège je décide d'y assister.
Un copain originaire de Nantes m'invite chez Lui.
J'assiste à la course gagnée par ALAIN MIMOUN devant je pense Raphael Pujazon.je suis ravi.
Dans le train qui nous ramène vers Paris je croise dans le couloir le nouveau Champion de France. Nous échangeons quelques paroles. Ce champion est d'une simplicité et gentillesse hors pair.Il voyage comme tout un chacun en 2ème classe alors que de nos jours les sportifs voyagent en avion et souvent en classe affaire. Le décès d'Alain Mimoun ce grand Français m'a beaucoup Peiné.
Quand à Gérard Holtz......ce n'est pas la modestie qui le caractérise !!!
André A.
Disparition d'Alain Mimoun.
Natif du village de "Le Télagh", à 45 kms au sud de Sidi-bel-Abbès.
De son vrai prénom "Okasha"( je parle sous le contrôle de mon ami Antoine de Metz , natif aussi du Télagh), il garda toujours un amour profond pour la France, le drapeau tricolore et la Marseillaise ....qui le faisait pleurer d'émotion, disait-il.
C'était aussi l'époque où d'autres athlètes renommés comme ce champion du 1500m "El Mabrouk" adoptaient aussi le prénom de Patrick.
Ils étaient nés au Maghreb.
Les temps ont beaucoup changé, n'est-ce pas?
Je crois qu'il y va de la France actuelle comme de cet instituteur que les élèves ne respectent plus et n'ont nullement envie d'aimer.
Triste et inquiétante réalité!
Ps: j'eus l'occasion , dans mon faubourg , de faire connaissance un jour avec le frère cadet de Mimoun, que j'aperçus chez le négociant en bois, Mr Aioutz,installé route des Amarnas. Ce dernier travaillait beaucoup avec Le Télagh.
Manuel
André,tout d'abord bravo pour ce texte et sache que je suis tout à fait d'accord avec ce que tu ecris sur ce petit (uniquemement par la taille) bonhomme qui aimait tellement courir pour la FRANCE.
Au mois de mai79 j'eu la joie et le privilege de le connaitre.La chambre des métiers de l'ain l'avait invité pour sa premiere fête de l'artisanat qui se déroulait a Meximieux sur le stade de la prairie et j'étais chargé de "l'escorter" pour le week end. Pourquoi moi ? je ne saurai le dire, à moins que mon origine bélabbésienne ne soit pour quelque chose dans le choix de l'organisateur
Dans le programme des festivités, Alain (permettez moi de l'appeller par son prénom) devait donner le départ des 3 cross du matin (artisans,dames et elite) mais il se sentait tellement de fourmis dans les jambes qu'il prit le départ des 3 epreuves et les gagna toutes......en survetement ! !
Le soir venu,nous passons chez moi pour boire l'apéro (il ne buvait que du vin) et nous voila partis au restaurant chez la Mère Jacquet à Pont de Chazey (Adrienne,tu connais? )
Reçus par Roger,le proprietaire, Alain reçut une ovation de toute la fine fleur du département qui etait déja sur place
Un peu géné aux entournures,je me mis un peu à l'écart pour parler avec le proprietaire du restaurant qui me dit:ne t'en fais pas Tony (c'était ma période américaine) je vous ai réservé une petite table pour tous les deux prés du petit bassin avec jet d'eau dans le coin de la salle
les formalités expédiées (photos,autographes,presse,il me rejoint à table et là le festival MIMOUN commença: il me parla de ses victoires,de ses défaites face à son grand ami ZATOPEK, de sa victoire au marathon de Melbourne,de la naissance de sa fille qu'il baptisa Olympe,de la guerre,de l'Algérie (très brievement) de politique (il sortit de la poche de sa veste trois photos de Gaulle,Pompidou et Chirac) Il me parla longuement de la France et ses yeux brillaient de larmes quand il évoqua ses premieres années difficiles en métropole et il n'a jamais supporté que les journaux titrent "le français Mimoun vainqueur à......" et le "traitent d'arabe" quand il perdait une course
il était intarissable (salut Serge) et il me disait combien il était content de passer la soirée avec moi "un fils du bled"
Tard dans la soirée et après avoir éclusé (je le confesse sans remords) quelques bonnes bouteilles de Bourgogne millésimé (merci la chambre des métiers) nous nous sommes quittés à la porte de la salle des fetes de Meximieux où l'attendaient depuis un long moment le prefet de l'AIN et quelques personnalités du département
J'ai toujours en mémoire cette soirée et je ne n'ai jamais vu quelqu'un qui aimait la FRANCE comme lui.
Dieu,si tu existes accueille le les bras ouverts dans ton paradis
Toinou
J'ai eu la chance de le voir en 1991 lors de mon 1er marathon à New-York. Nous étions 2600 français présents sur 26000 participants. Il était là avec nous aux Nations Unis sous le drapeau français. Nous avons eu droit à ses encouragements, un petit speach et j'étais très émue de rencontrer un tel sportif, si simple et abordable. Oui, nous perdons une grand sportif français.
Paule