Nous étions au temps de Pentecôte, je me revois partant en vacances chez mon oncle Guirado :la campagne, la forêt…un rêve !
Sa petite ferme au sens affectif du terme se situait juste avant Tirman, on prenait sur la gauche un chemin de terre bordé sur plus de 5 kilomètres d’un large mur de pierres sèches et nous arrivions au lieu dit « Roumélia ».
Un paradis pour nous enfants où tout était plaisir et découverte. Mon oncle, un solide bonhomme très actif avec une large moustache grisonnante obtint ce terrain au retour de la guerre de 14…Que de travail, de dévouement au fil des ans pour observer de mon regard d’enfant une belle fermette aux murs de pierres, une grande cour où trônait un puits majestueux avec sa pompe à mains qui débitait un jet d’eau saccadé pour alimenter un long abreuvoir…Poules, dindons, pigeons allaient çà et là en toute liberté ; 2 chèvres, un beau mulet et un âne complétaient tout ce petit monde. L’âne attirait toute mon attention , je le caressais, lui donnais du foin…nous étions amis jusqu’au jour où j’avais décidé de le chevaucher .Je grimpais alors sur un figuier, me suspendais
à une grosse branche et , de là me laissais tomber sur le dos de l’âne, à califourchon. Dès qu’il m’a senti sur lui, il a baissé la tête et s’est mis à ruer furieusement. A peine avais- je eu le temps de saisir ses oreilles et de serrer son cou avec mes jambes…qu’il partit à toute allure .Plus il courait, plus je serrais ; plus je serrais, plus il galopait. Cette course se termina par un vol plané dans l’unique meule de paille au fond de la cour .Intelligent le petit âne, il avait su choisir le terrain d’atterrissage de son indésirable fardeau…
Au coucher du soleil, toute vie extérieure cessait, le silence était entrecoupé par le coassement des grenouilles et le ululement du hibou faisait planer une ambiance mystérieuse dans cette immensité environnante…Nous étions bien à l’intérieur autour de l’unique source de lumière « une lampe à pétrole » ; ma tante faisait cuire la soupe de légumes avec un bon morceau de lard , de mon côté je jouais aux dominos avec mon oncle et c’est drôle…je gagnais toujours !
Que du bonheur ,ces beaux souvenirs !