Exode
La Mère avait pleuré en fermant les volets
Quand il fallut partir et laisser la maison
Devant l'inéluctable, les espoirs envolés
Et le sombre destin où chavire la raison.
Elle avait au fond d'une valise rangé
Des vêtements et glissé les portraits fanés
D'aïeuls ou de parents souvenirs engrangés
Qu'elle ne voulait pas voir souillés ou profanés.
Le Père devant l'épreuve durcissait son visage
Et demeurait muet dans sa grande douleur
Et ce comportement était celui d'un sage.
Mais l'Enfant comprenant l'enjeu qui se jouait
S'empara de la cage où un oiseau chantait
Son joli compagnon des heures de bonheur
Qu'il écoutait longtemps sans jamais se lasser
Et qu'en âme et conscience il ne pouvait laisser.
Lorsqu'au bout du voyage où ils furent amenés
Suivant la longue file où ils furent entrainés
Et dans l'indifférence d'un monde sans remords
L'Enfant trainait la cage avec son oiseau mort.