Maryse Gonzalez : Adieu l'Algérie
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Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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Mon père est arrivé une fin d'après midi du travail (il était cuisinier à l'hôpital Fernand Robert) et a dit à ma mère "vous devez partir en France vous mettre à l'abri ce sont les consignes de mon commandant".
Donc devant la mairie, le 20 juin 1962, 5 cars se sont remplis, escortés devant et derrière par la légion; nous avons pris la route d'oran direction La Senia survolés par un hélicoptère tout le long de la route ( dans ma tête c'était hier ). Arrivés à La Senia nous sommes restés 3 jours sous un soleil de plomb et 2 nuits à entendre les coups de mitraillettes au loin, entourés de barbelés et gardés par l'armée. Mon frère qui n'avait que 9 ans faisait le ravitaillement des sandwichs et on buvait dans des catcharoulos de l'eau (non pas en bouteille, Dieu sait d'où elle venait mais grâce à Dieu elle ne nous a pas fait de mal........... Et un matin départ en caravelle; mon frère était aux anges et moi morte de trouille de monter dans cet engin, ma mère une fois assise dans son siège s'est endormie profondément (la délivrance du départ) ; les hôtesses nous donnaient ce que nous voulions à manger (je ne sais si cela serait pareil maintenant). Arrivés à Marignane grande fouille car ma mère qui n'avait pas oublié son parapluie et qui l'avait rangé dans le fond de la grosse valise s'est fait vider le contenu car ils pensaient que cela pouvait être une arme. |
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Et nous voilà dans notre nouvelle destination dans un pays que nous ne connaissions pour rien. Mais ce n'était pas fini... Mon pére est venu en France nous chercher au mois de septembre suivant car avec les accords d'Evian l'armée devait rester encore 5 ans mais elle a plié bagages avant l'heure vue l'ambiance qui y régnait ( en 2 mois et demi nous ne reconnaissions plus notre algérie ); et nous sommes donc rentrés en France définitivement en aout 1963 mais cette fois ci en bateau ( voir photo ). Vous savez, certains souvenirs sont encore douloureux et d'autres nous font sourire avec le recul. Et il a fallu 50 ans pour que tout remonte à la surface mais il ne se passe pas une journée sans penser au pays car là-bas nous avions quand même une autre vie plus joyeuse et c'est le soleil et l'accent qui nous donnaient cette joie de vivre.
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