Michèle Garcia-Kilian : mon enfance au soleil, Sidi-bel-Abbès ou des vacances heureuses
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Ainsi, mes arrières grands-parents, bravant le cours de leur destin qui les avait fait naître espagnols sur la terre ibérique, s’en vinrent planter leurs racines dans les jardins de la Mékerra, sur le continent d’Afrique. Ils ne savaient pas encore qu’ils allaient contribuer à édifier la civilisation ‘’pied-noir’’, faite d’un amalgame de peuples, dont les particularités se fondaient dans un même bain de culture française. A force de courage, de persévérance, de travail, ils apprivoisèrent cette terre sauvage, et se firent leur place au soleil, sous l’aile rassurante des légionnaires, qui, non contents d’être les bâtisseurs de la ville, en furent, aussi les protecteurs, et ceux à qui elle dut son essor culturel et sa renommée. Et les racines familiales s’alimentant des alluvions de l’oued Mékerra, se trouvèrent ancrées à tout jamais sur le sol algérien
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Les Français se méfiaient des populations autochtones, et les employaient très peu. Les Espagnols eux, mettaient en pratique leur expérience, leur savoir- faire, leurs méthodes, face aux difficultés nées d’un type de terre et d’un climat semblables aux leurs. Et les miens, furent comme la plupart des émigrés espagnols, ouvriers agricoles ou bâtisseurs. Car il fallait, non seulement assainir, défricher, planter, mais aussi construire ce pays à l’aube de sa croissance. Ils obéirent aux lois de naturalisation automatique, et devinrent Français à part entière. Les jeunes trop attachés à l’Espagne, s’ils voulaient conserver leur nationalité, durent fournir de nombreux documents, dont l’obtention était difficile, coûteuse et longue. Ce ne furent que des procédures isolées. Et toute cette gent humaine, issue d’horizons si différents, unit volonté et courage pour faire de cette terre hostile, une vallée verte et plantureuse parsemée de jardins.