Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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Après le carrefour qui menait au village de Bonnier, nous prîmes à droite, nous nous retrouvâmes sur un chemin de terre avec d’énormes ornières causées par la pluie et les tracteurs. Nous étions au bout du rouleau, nos forces commençaient à nous abandonner, puis en prenant sur la gauche la végétation devint plus belle, nous entrions dans une sorte d’Eden, la ferme était là. Nous mîmes pied à terre, sur la droite se trouvait une vaste parcelle plantée d’amandiers et sur la gauche une grande basse-cour fermée par un grillage où l’on apercevait toutes sortes de volailles : des poulets, des canards avec leur bassin, des dindons, des pintades  et des pigeons qui nichaient dans des caisses en bois installées en hauteur. Dans la cour de la ferme une grande table rectangulaire était installée à l’ombre de grands arbres centenaires, je revois encore la tête du grand-père apercevant son petit-fils et appelant son épouse, ils nous servirent à boire de l’eau fraîch avec de l’antésite dans une carafe que nous bûmes rapidement car nous avions une grande soif, une seconde carafe fut vidée également.
Francis Rodriguez : Le Tessala 2/2
Jean-Pierre me montra ses coins de jeux, mais il nous fallait repartir car l’heure tournait. En partant, je ne pus résister à cueillir quelques amandes sur l’arbre, elles étaient tendres, quel délice !!
Le retour se passa plus facilement, nous descendions à tombeau ouvert, sans nous servir beaucoup de nos freins. En arrivant à la hauteur du faubourg Gambetta, nous ne sentions plus nos jambes, nous avions un coup de fringale, et l’arrivée chez nous fut pénible. Il était plus de 12h 30 et l’entrée à la maison allait être des plus périlleuses. En ouvrant la porte, j’entendis papa me dire « d’où viens-tu ? », grand-père, mes parents et mon frère Manuel avaient presque fini de déjeuner. je devais improviser rapidement « Jean-Pierre avait une affaire à porter chez sa tante, Mme Cordoba, la boulangère de Perrin, en revenant son pneu arrière a crevé et nous sommes revenus à pied. » Mon père me regarda, je revoie ses yeux gris me fixer, mon histoire semblait plausible... « assieds-toi et dépèche toi de manger » me dit-il...Ouf, j’étais sauvé.
Tessala...Tessala...tu es toujours là.