La nuit douce et claire fleurait bon la violette
Nous avions dix-huit ans, nous chantions à tue-tête
En parcourant les rues sombres de la cité.
Comme c'était la nuit et que c'était l'été
Que notre ciel lumineux dénué de tout voile
Etait parsemé de proches et brillantes étoiles
Nous alternions des airs vibrants de fandangos
et de Carlos Gardel les sublimes tangos.
Nos faubourgs, en fait, étaient d'humeur espagnole
Tout le monde parlait, sans passer par l'école
Le langage des Dieux, celui de Cervantès,
Et ceci se passait à Sidi-bel-Abbès
Où parvenait l'écho lointain des sérénades
Qui se donnaient encore à Séville et Grenade.
Et puis, c'était si bon, quand l'ombre était venue
De sentir la fraîcheur du soir sur ses bras nus.
Ces coûtumes étaient, disons-le ancestrales,
Nul ne s'en étonnait, c'était chose normale
Que d'entendre chanter les jeunes gens le soir
La joie de vivre alliée au culte du terroir,
Car notre pays était le plus beau de la terre ;
Nous étions nés ici, de même que nos pères
Sous un ciel exprimant notre particularité,
C'était le paradis...qui s'en serait douté !
Nous avions dix-huit ans et du coeur à revendre ;
Nous avions abordé l'âge des amours tendres
Et des violentes passions en ayant découvert
Des sentiments nouveaux un troublant univers.
Notre coeur palpitait comme une tourterelle
Et la vie se déployait si riante et si belle
Que le bonheur mettait des larmes dans nos yeux
Nous redant à la fois muets, graves ou joyeux.
C'était l'heure bénie de notre adolescence
Emplie de joie, de chants, de rires, d'insouciance ;
Elle nous enivrait, nous montait à la tête
Et donnait à nos vies les éclats d'une fête.
Le passé est passé avec indifférence
Puis bien d'autres passés entourés de silence
Mais comme l'ilôt ancré dans l'océan désert,
Emerge toujours clair, tenace, toujours vert
Le souvenir des jours où nous étions ardents
Et jeunes autant que beaux...nous avions dix-huit ans.
Accueil / Index Ecritures /
Le coin des poètes / index thématique / écrire à José
Jean Diaz, habitait la cité des Amarnas. Il était correspondant de l'Echo d'Oran. l'auteur de cette poésie est décédé près d'Orléans le 4 août 2003 au milieu des siens . Personnage hors du commun, Jean Diaz au regard doux, était un sage discret intelligent et bon père de famille,
Pendant les années 1940, il connût la souffrance des camps de prisonniers
allemands d'où il s'évada à plusieurs reprises. En guise de représailles, il fut interné dans un stalag de Prusse orientale, près de la mer Baltique, il s'en évada également . Malgré les nombreux obstacles d'un long retour vers la France, il arracha sa liberté et survécut miraculeusement
Adieu Jeannot...nous nous souvenons de toi avec grand respect.

Mekerra pour José Crespo et ses amis