Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Jean-Paul de Haro : Printemps 55 2/2
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Mon coaching s’en trouvait évidemment facilité et mes conseils trouvaient un écho favorable auprès de nos joueurs qui tissaient un jeu trop élaboré pour le « prof de gym » adverse qui en perdait visiblement ses nerfs. Mr Michel qui essayait d’être présent sur tous les stades de la ville à la fois vint alors me rejoindre pour s’informer de la (bonne) marche des évènements. Saisissant ce prétexte son collègue tlemcenien interpella l’arbitre pour exiger une « stricte application du règlement » et la présence d’un seul responsable sur la touche,

autrement dit mon renvoi aux vestiaires. Imaginez ma réaction quand Mr Michel répliqua vertement à son collègue « merci de me chasser du terrain ». Complètement désarçonné celui-ci essaya de s’excuser en expliquant que c’était moi qui étais visé par ses propos mais il s’entendit répondre par Mr Michel « l’entraîneur c’est lui (en me désignant), moi je ne suis que de passage » qui, sur ses paroles, quitta dignement le terrain laissant son collègue abasourdi. Cette passe d’armes peu commune entre collègues m’insuffla un surcroît d’enthousiasme et de fierté : me voir ainsi adoubé par ce « Maître » que nous vénérions tous au Collège m’apporta une confiance grandissante en mes moyens et ce souvenir est resté pour moi comme une des bornes importantes que la vie nous propose de franchir. Encore faut-il parfois y être aidé et ce jour-là mon guide fut notre « prof préféré ». Comme il le fut pour tant des nôtres au cours d’une carrière exemplaire.

Jean-Paul de Haro en 1952