Robert Bounneau : M. Noël BOYER
mon professeur de violon 4/4

Souvenirs de Sidi-bel-Abbes

En Juillet 1962, après l'indépendance, Monsieur BOYER a raconté à mes parents qu'il a été victime d’une perquisition nocturne de la part de soldats de la Willaya 5 qui n’obéissaient qu’au « colonel Boumedienne » et pas au sous préfet algérien (Wali) nommé par le GPRA de Ben Keddah.
Ces soldats ne parlaient pas français, et cherchaient à faire peur aux européens du faubourg Thiers en prétendant chercher « des armes et  des anciens de l’OAS ».
Ils se sont énervés sur une machine à écrire jusqu’à ce que Monsieur BOYER leur explique que cet engin n’était pas une bombe mais servait à écrire, « à faire la dactylo !».
Comme c’était le seul mot qu’ils ont compris, ils se sont calmés mais sont partis en n'oubliant pas d'emporter « des souvenirs » de leur perquisition.
Plus tard après notre arrivée en France je n'ai plus eu l'occasion de le rencontrer. Ce que je regrette à présent.

Seules me restent de lui les partitions qu'il m'avait données avant mon départ en juin 62 et, dans ma mémoire, le film-souvenir du rituel hebdomadaire qui a réglé mon enfance et mon adolescence.
Chaque semaine en effet Monsieur BOYER sonnait à la porte d’entrée, puis allait attendre que je vienne lui ouvrir la porte du garage pour rentrer son vélo. Venait ensuite la leçon d'une heure dans la salle à manger au cours de laquelle « ça ne rigolait pas » et les compliments étant aussi fréquents que les années bissextiles !...
Cette routine studieuse qui a duré dix ans de 52 à 62, a ancré en moi les bases techniques qui m'ont permis de reprendre le violon lorsque, après m’être arrêté totalement pendant une dizaine d'années, j'ai eu l'opportunité de pratiquer à nouveau dans un orchestre de chambre amateur.
Depuis je ne me suis plus arrêté et la possibilité actuelle d'aller chercher sur Internet des partitions mises en lignes à profusion renouvelle chaque jour mon plaisir de jouer.

---------------Merci Monsieur BOYER