<<NoOON, mais tu te rends compte un peu?
J'arrive, avec le sourire, mes recommandations du Maire et du Trésorier Payeur général de Sidi-bel-Abbès, du commandant des sapeurs pompiers dont j'étais l'adjoint, mes notes élogieuses de services.
Pour postuler à un poste similaire, dans une ville qui ne compte que 55 000 habitants, alors que j'étais chef des services de la comptabilité et du personnel d'une ville de plus de 100 000, et on me demande QUOI ? De prouver ma qualité d'écriture, en faisant une lettre de motivation...Alors, !!!...je l'ai faite cette lettre. Mais en leur disant , TOUT ce que j'ai gardé sur le coeur. Aussi quand le maire et le secrétaire général (Directeur des services municipaux), l'ont lue.
Ce dernier s'est écrié : Je vous ai meurtri ? ". Je vous ai meurtri, je vous ai meurtri. NoOON mais quand même ! >>
J'ai regardé mon père, moi aussi j'étais meurtri. Alors, je l'ai vu sourire et presque rire, (un peu jaune ...) Sourire, car le poste lui a de suite été octroyé. Parce qu'il savait, sans doute déjà , qu'il y ferait carrière. Qu'il deviendrait à son tour plus tard, Directeur des services. Par contre il ne savait pas, que, bien plus tard encore, son prédécesseur à ce poste,( bien que plus âgé), assisterait à ses obsèques, et serait très peiné d'avoir perdu , un ami, ou presque.
Puisque mon père nous la racontait souvent. Je dois pouvoir vous la dire. Cette phrase, qui un jour lui a été adressée, aurait pu l'être à chacun de nous.
C'était en 1963, fin septembre.Parmi les postes de chef de bureau, vacants en mairie, celui de Tours où nous habitions (chez ma tante), venait d'être pourvu. Restaient encore, certains de ceux, situés au Nord de la Loire, ou plus " en haut " encore. Dans la froideur des soirs d'automne, et les hivers rigoureux. Dont l'un, à 100 km de Paris, ville préfecture, écoles, collèges, lycées... Acte de candidature fait, convocation pour entretien reçue, achats précipités, d'un costume neuf et d'un vieux véhicule d'occasion.( très, très vieux ). Et me voilà embarqué, avec mon père, qui n'avait, plus conduit( en dehors de la jeep des pompiers), depuis la guerre...Arrivés, dès le matin, afin de sentir l'ambiance générale, d'y voir vivre les gens, de respirer l'air de Normandie, de s'imprégner des lieux...
14H, mon père rentre en lice.Je ne le revois que plus de 2h après. Déconfit, usé, vexé, à vif, à ne pas prendre avec des pincettes. Et contrairement à ses coups de gueule, rares car longtemps contenus, mais célèbres dans ces occasions. Il me raconte, sans plus tarder, ce qu'il a sur le coeur. Et, comme un torrent qui déborde sa parole se libère :