Manuel Rodriguez : se va el caiman
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Extrait du forum de Mekerra
Chanson colombienne très populaire dans toute l’Amérique hispanophone. Elle est cependant peu connue en Espagne. Dans les années 70, parmi la dizaine de lecteurs ou lectrices péninsulaires (âgés de 20 à 25 ans) que j’ai eu la chance d’accueillir dans mes classes de lycée, assez nombreux étaient ceux qui n’avaient jamais entendu parler de cette chanson. Curieux non !
Ce sont les orchestres Sud-américains qui l’ont introduite chez nous où elle a connu énormément de succès dans les milieux populaires d’Oran, de Bel-Abbès et de toute l’Oranie. Essentiellement parmi les générations nées avant 1940.
Je me souviens très bien lorsqu’après souper, par les chaudes nuits d’été de juillet, ma mère, mon jeune frère, mes deux grandes sœurs et moi-même prenions le chemin du centre ville, à Bel-Abbès. Là, au lieu-dit des « Quatre horloges », un orchestre Sud-Américain installé sur la terrasse d’un grand Café Brasserie, régalait les clients attablés.
Nous restions là, debout, stoïques, sur les trottoirs d’en face, noirs de monde, les gens des faubourgs essentiellement, à écouter des heures entières les chansons cubaines, mexicaines, colombiennes, argentines. « Se va el caiman », avec ses couplets olés olés, était celle qui nous enthousiasmait le plus.
C’etait, il me semble en 1950, je n’avais donc que douze ans.
Une lectrice Equatorienne, de Guayaquil, m’affirma qu’avec la Cucaracha et Cielito lindo, c’était la chanson la plus populaire du continent Américain.
C’est à cette Sud-Américaine que je dois d’ailleurs le couplet concernant « las hormigas », les fourmis, que j’ignorais auparavant.
Se va el caiman est une chanson grivoise qu’il ne serait pas de bon goût de dédicacer à une dame, mais elle nous amuse tellement.
Rassurez-vous ! Je ne l’ai jamais enseignée à mes élèves et pour cause.
Dans chaque couplet, c’est le quatrième et dernier vers qui est primordial et renferme « la substantifique moelle ». Il a souvent une chute à double sens, tantôt déroutante, tantôt suggestive, mais toujours malicieuse et un peu « salée ».
Barranquilla est un port colombien important, sur la Mer des Antilles.


Refrain (À répéter après chaque couplet)
Se va el caimán, se va el caimán (Le caïman s’en va)
Se va para Barranquilla (Il s’en va vers Barranquilla)
Se va el caimán, se va el caimán
Se va y no vuelve más. (Il s’en va et ne revient plus.)

1er couplet
Lo que come ese caimán (ce que mange ce caïman)
Es digno de admiración.( bis) ( est digne d’admiration)
Come pan y come queso ( Il mange du pain et du fromage)
Y bebe tragos de ron. ( bis) (Et il boit des gorgées de rhum)

2ème couplet
A la criada de mi casa (De la domestique de la maison
Se le quemó el delantal ( bis ) Le tablier brûla
Si no acuden los bomberos Si les pompiers n’accourent pas,
Arde el cuarto principal. ( bis ) la pièce principale, en réalité la partie intime de son corps, aurait été la proie des flammes.)
3ème couplet
La mujer del panadero (la femme du boulanger
Está pidiendo el divorcio, ( bis ) demande le divorce, parce qu’elle
Porque dice que el marido dit que son mari ne fait plus
No sirve para el negocio. ( bis) l’affaire. Negocio= boulangerie, mais aussi la bagatelle .

4ème couplet Una chica se subió (une fille grimpa
En lo alto de una camioneta ( bis ) tout en haut d’une camionnette
Y el chofer sacó la mano Et le chauffeur sortit la main
Y le tocó la corneta. ( bis ) ( Tocar a deux sens : toucher
quelque chose et jouer d’un instrument .On s’attend donc à ce qu’il touche une partie du corps de la jeune fille et déception, il lui joue de l’avertisseur. Ce n’est que le dernier mot « corneta » qui fait basculer le sens)

5ème couplet
Una vieja se subió (Une vielle dame se hissa
En lo alto de un tejado. ( bis ) tout en haut d’un toit.
Y las tejas se reían Et les tuiles riaient
De verlo tan arrugado. ( bis ) de le voir tellement fripé.
S’agirait-il du jupon ? Ne riez pas !)

6ème couplet
Una niña patinando (Une gamine qui patinait
Patinando se cayó. tomba tout en patinant
Y en el suelo se le vio, Et au sol elle nous montra… ? ?. ?.
Que no sabía patinar. (Qu’elle ne savait pas patiner.)


7e couplet
Una moza se sentó Une jeune fille s’assit
Encima de un hormiguero. ( bis) Au-dessus d’une fourmilière.
Y las malditas hormigas Et les maudites fourmis
Se mudaron de agujero. déménagèrent- changèrent
d’orifice.)