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Le combat de Phu-Tong-Hoa 1/2 Camerone 1948 (La Légion étrangère en Indochine)
survivants-phu-tong-hoa
Camerone au Tonkin : 25 juillet 1948. C'est un dimanche. C'est-à-dire une journée comme les autres, pour la 2ème compagnie du capitaine Cardinal qui tient le poste de Phu-Tong Hoa. Il a plu et la nuit tombe.
Soudain, une explosion ébranle les murs. C'est un obus de mortier, le premier d'une salve bien ajustée. Le Capitaine Cardinal jaillit de son bureau, et, donnant l'alerte, ajoute ce conseil : << Mettez-vous à l'abri, mes enfants >>. Cardinal est un doux, mais c'est aussi un homme de devoir. Il sait ce que cette préparation de mortier signifie. Bientôt un canon de 37 et un obusier de 77 prennent le relai.
L'attaque est pour bientôt. A 8h, un coup au but crève l'enceinte sur la face ouest. Cinq minutes plus tard le Capitaine est blessé. Le Lieutenant Charlotton, son adjoint est tué quelques instants après. Le sous-lieutenant Bévalot prend la relève. Il est jeune, il n'a aucune expérience, il a débarqué en Indochine voici quinze jours à peine. Il n'a pas le temps de se poser des questions, les petits Bo-doîs en vert montent à l'assaut, encouragés par des trompes dont l'écho résonne, lugubre, dans la montagne. Dès les premières torpilles, le radio a alerté Bac Kan, mais bientôt, l'antenne est coupée. Phu-Tong-Hoa est muet. Et sourd.
Les Viets attaquent, venant de trois directions. Très vite, ils repèrent la brèche, s'y infiltrent. Pendant une demi-heure les légionnaires se battent au corps à corps. Ils sont refoulés vers le milieu de la cour. Le Capitaine Cardinal quitte l'infirmerie, les encourage. Ils repartent. Le caporal-chef ptrend un fusil-mitrailleur et interdit la brèche. Il est tué. Paulin, qui vole à son secours est transpercé d'une baïonnette. Le Capitaine, à nouveau blessé, est ramené mourant à l'infirmerie. A 22h Bévalot fait le point. Le poste grouille de Viets. Il ne reste plus que deux points de résistance, le blocklauss nord où le sergent Guillemaud, assiégé, se bat encore, et la tour sud-est où les rescapés aux ordres de Bévalot, repoussent une nouvelle attaque.
-Nous allons faire Camerone ! crie un légionnaire.
C'est en effet presque Camerone. Les Viets, surpris de la vigueur de la défense, commencent à mollir. Bévalot s'en rend compte et contre-attaque. Des cuisines effondrées, deux légionnaires balancent des grenades incendiaires dans le réduit, entre muraille et cagna où les Viets se glissaient. La brèche est neutralisée. Vers quatre heures du matin, par section, les Viets entament le décrochage.
Au petit jour, Bévalot fait les comptes. Le poste est au trois-quart détruit, mais il a tenu. Vingt sous-officiers et légionnaires ont payé de leur vie leur héroique résistance. Vingt et un d'ailleurs : à l'aube, dicrètement, le Capitaine Cardinal a rendu son âme de soldat.
Il a fallu trois jours à la colonne de secours partie de Bac Kan pour arriver jusqu'à Phu Tong Hoa : les Viets avaient détruit la route et disposé des embuscades aux passages obligés. Il a fallu également au Lieutenant-colonel Simon, commandant la 3ème R.E.I. faire preuve d'indiscipline : le commandement le trouvait trop "léger" pour s'engager ainsi, avec un effectif réduit à une grosse compagnie, dans une région dangereuse. Mais il a été récompensé : quand il est arrivé à Phu TOng Hoa, Bévalot et ses trente deux rescapés en grande tenue, lui ont rendu les honneurs, devant l'entrée du poste, déblayé de ses gravats. Il ne s'était rien passé ou presque, Phu Tong Hoa.

(Extrait de Historia special 1981: la légion étrangère M1867.414B


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